Chronique Sud Radio avec Brigitte Lahaie – 7 janvier 2019
Nicolas Machiavel (penseur italien de la renaissance, philosophe théoricien de la politique de l’histoire et de la guerre) disait « Et quand le hasard fait que le peuple n’a plus confiance en personne, ayant été trompé dans le passé par les choses ou par les hommes, on en vient nécessairement à la ruine ».
En ces temps de réforme, plus que jamais cet adage est d’actualité…
Paul Watzlawick, était un Autrichien, né en 1921 à Villach.
Membre fondateur de cette fameuse « école de Palo Alto » en Californie, à Santa Cruz, il était psychologue, psychanalyste (jungien) et psychothérapeute mais aussi sociologue. Ses travaux ont d’abord porté sur la thérapie familiale et la psychothérapie en général.
Palo Alto, est devenue une référence mondiale dans le domaine des théories de la communication (Gregory Bateson, Virginia Satir etc…).
Je serai amené à vous reparler souvent de ses théories, qui sont toutes au centre de la communication et des échanges (boucles de feedback et de rétroaction).
J’ai repris mes études en 1989 et me suis intéressé de très près à Palo Alto, et aux outils. Parmi ceux-ci, un « présupposé de base » qui consiste à comprendre que dans tous les contextes, la relation de confiance prime sur le contenu…
Tout débute par une rencontre avec Paul Watzlawick – philosophe, psychologue, psychothérapeute, sociologue, professeur d’université et l’un des créateurs de la « thérapie brève ». Même si je ne l’ai pas rencontré physiquement, une de ses théories m’a profondément marqué. Pour Paul, la relation de confiance est bien plus importante que le contenu. Elle englobe le contenu.
Paul disait : « Toute communication présente deux aspects, le contenu et la relation tels que le second englobe le premier et, par suite, est une métacommunication. »
Dans n’importe quel type de contexte – que ce soit personnel ou professionnel – vous pouvez vérifier cela. Si vous n’avez pas instauré de relation de confiance, votre contenu – aussi beau puisse-t-il être – ne passera pas. Et si vous avez de l’or en barre à offrir aux gens, mais pas de relation de confiance, les gens considéreront que votre contenu, et bien c’est de la merde !
Gentillesse / méfiance… Dans un contexte où le monde est à l’inverse … Qu’il s’agisse du film « Le Père Noël est une ordure » ou « le Dîner de cons »… On n’est pas là pour faire du social, pas dans le monde des Bisounours… Pas facile d’être dans la confiance…
On nous apprend en plus depuis tout petit à ne pas faire confiance… parfois pour de bonnes raisons mais souvent par raccourcis… familial ou culturel…
Or, la méfiance a priori entraîne la vigilance et la fermeture … Neurones miroirs… Synchronisation automatique.
Dans tous les contextes, on vérifie cela …
Femmes et maris, enfants ados, profs, clients, collaborateurs, patrons, éducation et ce que nous vivons actuellement, la crise de « confiance » avec nos politiques et nos médias » …
Personne n’est performant s’il ne se sent pas respecté, dans le cadre de n’importe quel projet…
Cette relation de confiance, est à la fois solide et fragile :
Quand elle est là, elle permet de balancer des pavés dans la mare sans que personne ne se sente éclaboussé. Quand elle est absente, ou bien qu’elle a été rompue avec le temps ou les expériences, elle est fragilisée et demande du temps, de la détermination pour se reconstruire.
En bref, voici le « conseil du jour » … pour y arriver :
- Être bienveillant
- Être respectueux
- Être humble
- Ne pas se prendre au sérieux
- Être congruent
- Plus on insiste sur le contenu alors que la relation n’y est pas, plus on détruit la relation… Stoppez le contenu !!!
- Soyez capable de parler de votre « intimité » émotionnelle en évitant les « tu » qui tuent.
Et pour finir, chacun nourrit sa façon de vivre la gentillesse, il n’y a pas de réponse toute faite. On dit que ce n’est pas la réalité qui nous limite ou qui nous booste, mais plutôt l’idée que l’on s’en fait … Alors pour bien finir ce petit moment, voici une histoire qui vous aidera à vous positionner comme vous le vivez …
« Je suis originaire d’un petit village du Mercantour, Saorge, là où il y a les loups, et les migrants !!!
Ce soir, comme cela se faisait naguère, un grand père est avec ses petits-enfants et les amis de ses petits-enfants. Ils ont fait un petit feu qui crépite. Ça sent bon les plantes du midi, et la Bendola – la petite rivière du lieu, roule entre les rochers…
Le grand père raconte de belles histoires et profite de l’actualité – les loups, pour dire aux gosses :
« Les enfants, il faut que je vous dise, je ne sais pas pour vous, mais pour moi, souvent, deux loups se battent dans ma tête et se disputent la place. »
Les enfants le regardent attentifs et un peu apeurés…
« L’un a peur, est souvent méchant et coléreux, il est même envieux de ses frères. Capable de mentir, de brutalité. Il est capable de mentir, plein d’arrogance et d’orgueil. Il vit dans la peine et la compétition, il ne fait pas confiance et se méfie de tout et de tous ».
Les enfants regardent le vieil homme et grimacent.
« Mais – ajoute-t-il, l’autre est sage, bon et généreux. Il est plein de joie et de plaisir, il dit la vérité, vit dans la compassion et la confiance, se sent proche des autres et est rempli d’amour. »
Silencieux, les enfants réfléchissent.
Puis, l’un d’eux rompt le silence et prend la parole à son tour :
« Mais grand père, dis-nous, lequel des deux loups gagne ? »
Grand père sourit et conclut :
« Mes enfants chéris, celui des deux qui gagne est toujours celui que l’on nourrit le plus ».