Et si nous nous donnions les meilleures chances de nous comprendre !

Chronique Sud Radio avec Brigitte Lahaie – 18 février 2019

Aujourd’hui, nous allons encore parler « communication », et plus précisément voir comment nous pouvons parler ensemble en nous donnant les meilleurs chances de nos comprendre !

La semaine dernière, je vous parlais des mots et des problèmes essentiels de communication qui naissent parce que nous ne mettons pas le même sens, les mêmes expériences derrière un même mot… La rapidité, la beauté etc …

Mais le pire reste à venir en termes de communication. Le pire, c’est lorsque nous avons une idée derrière la tête et que nous n’en parlons pas… Nous croyons que ce que nous pensons est derrière la tête mais en fait, cela se voit comme le nez au milieu de la figure. Pinocchio avait le nez qui grandissait lorsqu’il mentait, mais aussi lorsqu’il croyait que ce qu’il pensait ne se voyait pas !!! Or, 93 % de notre communication est non verbale…

Le poids des mots dans un message dont la totalité serait de 100 %, est de l’ordre de 7 %, et 93 % sont attribués au langage comportemental, (para verbal = 38 %, et gestuelle, micro-comportemental signaux faibles physiques = 55 % (tous les signaux faibles que nous captons tous !!!) …

On n’a jamais réellement pu prouver cela scientifiquement (malgré les travaux d’Albert Mehrabian, un psychologue, professeur de psychologie à l’université de Californie de Los Angeles). Et lorsque ce que vous dites avec les mots ne colle pas avec ce que vous montrez, cela crée immédiatement une zone d’interprétation, ce que nous appelons un message à propos du message lui-même … Dans une conversation, cela donne : « qu’est-ce que tu sous-entends… » Les anglais disent « what do you mean? ».

Vous êtes congruent lorsque ce que vous dites colle avec ce que vous pensez et ce que vous montrez sur le plan comportemental et micro comportemental. Lorsque vous êtes alignés « droit dans vos bottes ». Et comme nous sommes depuis toujours des êtres surdoués en observation, nous captons immédiatement qu’il y a un problème et que ce qui est dit ne colle pas avec ce qui est montré.

Lorsque vous êtes congruent, vous séduisez, vous convainquez. Lorsque vous ne l’êtes pas, vous créez immédiatement cette zone d’interprétation qui casse la confiance… Et comme j’aime à le rappeler, la relation de confiance passe avant le contenu de ce que vous avez à dire, à vendre, à communiquer.

Est-ce que tu m’aimes ? Le oui dira plein de choses différentes en fonction de la manière dont vous le pensez ! Voici les signes de la « non-congruence » :

  • Les intonations, qui parfois sont de vraies équivalences verbales.
  • Les lapsus révélateurs.
  • Les utilisations de mots qui ne vont pas avec les idées présentées : exemple de la prof qui dit être super proche de ses élèves et qui me disait qu’elle prenait du temps avec eux pour « créer la bonne distance ». Ou le RH qui se disait super humain, et qui parlait en des termes guerriers de ses RH : « quand il y a un problème dans mes équipes, je vais au front, et je passe à l’attaque pour rétablir la relation ».
  • Les gestes qui ne collent pas avec ce qui est dit : une personne qui écarte les bras en grand pour dire que c’est un petit problème. Ou quelqu’un qui dit être parfaitement calme alors que ses comportements, le ton de sa voix montrent l’inverse.
  • Des expressions comme : je suis d’accord mais… ; je suis d’accord, d’un autre côté ; je suis d’accord, cela dit ; ou en revanche, ou cependant, néanmoins, toutefois, or, par contre, pourtant etc.
  • Mais aussi… il faut… ou encore je vais essayer, ou encore, il faut que j’essaye…
  • Et enfin l’humour… qui ne plaisante pas ! L’humour second degré, celui des Guignols de l’info ou du fou du roi… L’humour noir qui fait rire jaune !!! Elle est super drôle ta blague ! Ah bin voilà, tu es encore arrivé à l’heure aujourd’hui !!!

Attention, on ne peut pas durablement ne pas être congruent sans que cela se voit. C’est le président Abraham Lincoln qui disait « on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps.

Scientifiquement, systémiquement, le corps et le mental font partie d’un tout interdépendant. Imaginez un gâteau en trois parties d’un tiers, le premier est vos pensées – votre petit vélo, le deuxième est composé de vos comportements et de vos mots, et le troisième de vos émotions… Le tout s’inter-influence… Dans les trois modes !

Et chacun de nous envoie des signaux faibles auxquels celui qui est en face est sensible… Il capte tout. Ce qui donne des situations où vous ne savez pas expliquer pourquoi vous sentez bien ce type ou cette nana, ou l’inverse. Mais il y a des choses (micro-comportements) qui sont là et que vous captez…

On n’apprend pas à être congruent, authentique… On est ou pas. Hitler, Mussolini, Franco, ou encore Ceausescu étaient parfaitement congruents. Ce n’est pas une qualité de l’être ou pas, c’est juste ce qui fait que le message passe, qu’il est capté, compris, intégré… Ou qu’il crée au contraire un malaise, par cette zone de non-dit. Et quand on ne dit pas, on montre !!!

Mon conseil : écoutez encore vos émotions qui vous diront si vous êtes ou pas congruents, et si la personne en face de vous l’est aussi ou pas ! Ce qui n’empêchera jamais les bons comédiens…

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