Chronique Sud Radio avec Brigitte Lahaie – 28 janvier 2019
On pourrait parler en d’autres termes, plus « bouddhistes », d’éveil…
Mais je n’aime pas trop le mot « éveil » parce qu’il s’opposerait à des gens qui n’auraient pas la chance de l’être.
Je préfère l’idée de liberté. Se sentir libre, d’agir comme il nous semble bon. D’avoir cette capacité géniale à se sentir bien, détendu, zen, dans tous les contextes. Détaché de … nos fameuses pensées ! Parce qu’encore une fois, nos pensées nous tuent, à petit feu. René Descartes se trompait en disant « je pense donc je suis » … J’ai plutôt tendance à dire « je pense donc je me meurs » !!!
La première chose qui me semble essentielle, c’est déjà de nous libérer de ce à quoi tout le monde aspire : la recherche du bonheur… Non, on ne se libérera pas du bonheur, il faudrait être malade… Juste de l’obsession de sa recherche !!! Plus je cherche, moins je trouve. Plus je suis obsédé par les résultats de ce que je suis en train de pratiquer et plus je me donne les chances de rater ce que je fais. J’ai accompagné de nombreux sportifs de haut niveau, et je les faisais travailler sur ce temps magique de la « zone », cet instant où on se sent inspiré et capable du meilleur, musicien, chanteur, alpiniste, sportif. Juste là, à être. Point par point, sans me projeter dans l’après match, ou la revanche du dernier.
Le bonheur se trouve exclusivement « ici et maintenant ». Il ne trouvera pas dans le futur, et il ne se trouve plus dans le passé. Juste le fait de comprendre que le bonheur est la résultante de ce que vous posez comme acte, là, tout de suite, c’est déjà se permettre de le vivre.
Se libérer de nos pensées : ça, c’est l’essentiel… Un petit exercice consiste à être conscient que nous mettons en marche la machine infernale à penser, le petit vélo. Nous ne sommes pas celui qui pense, nous sommes celui qui est conscient de cet ego, cette construction mentale de celui qui pense. Nous sommes l’être à l’état brut, le même que celui que nous étions lorsque nous étions enfant, tout petit, pas encore capable de penser. Nous sommes celui dont nous ne nous souvenons pas entre notre naissance et l’âge de nos premiers souvenirs. Personnellement, je suis né en 1961, et je ne me souviens de rien, avant mes 4 ans ! Aurais-je été mort, ou dans une 4ème dimension durant ces 4 ans ? Certainement pas ! J’étais – tout court. Ni « Franck », ni « Martin ».
Et c’est ce « je », qui est conscient de penser, qui sait que ce Franck, ce Pierre, ce Paul, ce Jacques, cette Sophie, a des pensées engerbantes, contraignantes, culpabilisantes. Même avoir des pensées pleines d’optimisme pour le futur, en se l’imaginant meilleur qu’aujourd’hui, nous enferme…
Se libérer, vivre en liberté, c’est vivre en pleine conscience de ce qui se passe ici et maintenant. Retrouver là, tout de suite – sans aucun apprentissage, la pleine conscience. Je ne parle pas de « méditation de pleine conscience » pour laquelle il est nécessaire de s’entraîner… Non, je parle de « la Vie en pleine conscience », en pleine acuité, en pleine lucidité.
C’est développer, redévelopper nos formidables capacités à être là, comme un petit animal, qui s’applique du mieux qu’il peut à faire ce qu’il fait : se laver les mains, se brosser les dents, conduire, faire à manger, faire l’amour, être avec sa femme ou ses enfants…
C’est ne pas aller contre ce qui arrive, car on ne peut rien contre ce qui arrive. Mais accompagner avec douceur ce qui se passe.
C’est même faire « acte d’amitié » avec tout ce qui est, que ce soit un embouteillage ou une pensée négative. On peut entraîner son esprit à rester calme :
- En étant celui qui est conscient de celui qui parle et qui s’énerve. Et tout simplement, parce que j’en suis conscient, en constatant avec recul voire humour : tiens ça y est, revoilà le Francky penseur. Juste ça, permet aux pensées de passer leur chemin, sans les empêcher d’être.
- Ne pas aller contre ce qui est, y compris ces pensées négatives qui nous remontent, qui nous rendent malades, et qui sont à notre vie exactement ce qu’est l’embouteillage. Ce sont deux mêmes expressions de la vie.
On ne peut pas aller contre la vie ? Alors, on ne peut ni aller contre le bouchon, ni contre la pensée négative qui nous submerge. En revanche, on peut tous être conscient que cela arrive.
Se libérer, c’est aussi se libérer de nos émotions et de nos peurs. Ce sont nos peurs qui nous enferment. Comment, me direz-vous ?
Déjà, encore une fois, en étant conscient de ces peurs. Puis, pour chacune d’elle, en se posant la question :
- Cette peur-là, est-elle justifiée ici et maintenant, ou bien est-elle en rapport avec le passé, et mon interprétation, mes ancrages et mes croyances ? Est-elle bien « factuelle » ?
- Cette peur-là, ne serait-elle pas une peur du demain et de l’incertain ? Encore faut-il que ces projections se réalisent comme je me l’imagine, en bien, ou en mal ??? Plus je prévois, moins je vois. Rien n’est plus sûr que ce qui est.
C’est cela la liberté, se rendre compte que nos émotions sont attachées à tout sauf à du ici et du maintenant.
Un truc génial pour se libérer, vivre en liberté : pratiquer la vie en pleine conscience, 10 secondes par heure… Juste simplisme et donné à toutes et tous :
Mettez dans vos agendas « 10 secondes de vie en pleine lucidité, en pleine acuité, chaque heure. Même, faites-le toutes les deux heures au début… Prenez conscience de petit enfant à l’état brut, qui n’était jamais obsédé par son passé ni son futur … Ce petit génie, ce petit prince… Et là, agissez en lucidité, en perception de vos 5 sens. Appliquez-vous, faites du mieux que vous pouvez ce que vous êtes en train de réaliser, quoi que ce soit, et regardez ce qui se passe, comment vous ressentez du bonheur à l ‘état pur.
La fréquence et la répétition de cet acte simple, va petit à petit vous amener à ancrer en profondeur cet état de conscience. C’est donné à tout le monde, ça ne s’apprend pas, car ça, vous le savez depuis toujours. Il faut juste renouer avec votre état de paradisier, habitant du paradis.